Le Hindi

L’une des premières caractéristiques de l’Inde, liée à son immensité et aux multiples influences qu’elle a subies au fil des siècles, est sa diversité, que ce soit sur les plans géographique, culturel, religieux ou linguistique. A côté des deux langues officielles nationales que sont l’anglais et le hindi, on compte une vingtaine d’autres langues constitutionnelles (telles que le tamoul, le punjabi ou le bengali). Mais ce nombre monte à plus de 400 si l’on prend également en compte les langues régionales, sans parler des nombreux dialectes.

Le hindi est la troisième langue la plus parlée au monde, derrière le mandarin et l’anglais. Compris et parlé par la moitié de la population de l’Inde (essentiellement dans le nord du pays), il peut être considéré comme sa langue principale. Il faut cependant noter qu’il n’est la langue maternelle que de 20 % des habitants de l’Inde, et n’est reconnu comme langue officielle que dans moins de la moitié de ses Etats. Cela dit, le hindi est également utilisé en dehors de l’Inde, notamment dans les importantes communautés indiennes d’Afrique du Sud et des îles Maurice et Fidji, ainsi qu’au Pakistan, où il s’agit en fait de l’ourdou, une langue quasiment identique au hindi même si sa graphie est différente. En outre, une proportion importante des – très nombreux – films indiens sont tournés en hindi, ce qui contribue à l’expansion de cette langue.

Dérivé du sanscrit (l’une des plus anciennes langues documentées), le hindi est une langue indo-européenne au même titre que la plupart des langues européennes, et du français en particulier. Si cette lointaine parenté ne suffit pas à le rendre aisément compréhensible par les francophones, ceux-ci ne pourront néanmoins s’empêcher d’être frappés par la similitude de certains mots hindi avec leur équivalent français. Par exemple, « deux » se dit do, « tu » tum, « sept » sāt, « neuf » nau, et « dix » das ; quant à ādmī (homme), il nous fait immanquablement penser à Adam. Autant de vestiges d’un lointain cousinage, qui s’étend d’ailleurs à d’autres langues européennes: ainsi les germanophones trouveront-ils amusant que « nom » se dise nām et « royaume » rāj (respectivement « Name » et « Reich » en allemand), de même que les hispanophones se réjouiront de ce que « table » se dise mez et « orange » nārangī (respectivement « mesa » et « naranja » en espagnol).

La graphie du hindi – le devanagari – sera peut-être déconcertante pour les Européens. Cependant, comparé à certaines autres langues asiatiques, son apprentissage n’est cependant pas d’une complexité extrême, vu que son alphabet ne comprend qu’une cinquantaine de signes de base (sans distinction entre majuscules et minuscules) auxquels, il est vrai, s’ajoutent encore quelques signes diacritiques et consonnes combinées.

Même sans connaître le hindi, le simple fait de feuilleter un dictionnaire de cette langue révèle certaines particularités culturelles, concernant par exemple l’importance des relations familiales. Ainsi, il existe des mots distincts pour désigner les beaux-frères qui sont respectivement le mari de la sœur (bahanoī), le mari de la sœur du mari (nandoī), le mari de la sœur de l’épouse (sāmū), le frère aîné du mari (jeth) ou son frère cadet (devar).  Il existe également des termes spécifiques pour désigner la maison des grands-parents maternels (nansāl), celle des beaux-parents (sasurāl) ainsi que celles d’autres membres de la famille.

L’apprentissage du hindi n’est pas indispensable en vue de visiter l’Inde, dans la mesure où l'anglais permet largement de se débrouiller dans le secteur touristique ainsi que dans le milieu des affaires. Globalement, seule une minorité d’Indiens (5 % environ) maîtrise l’anglais, et le visiteur aura notamment du mal à se faire comprendre dans cette langue dans les campagnes. Il peut donc être utile de disposer de quelques notions de hindi. En outre, même si ces notions sont limitées, elles feront toujours grand plaisir à vos interlocuteurs.

Une initiation aux bases du hindi constitue un objectif parfaitement réaliste, qui ne manquera pas de faciliter aux visiteurs leurs premiers contacts concrets avec l’Inde et ses habitants.  Etant donné l’essor actuel de l’Inde, le regain d’intérêt que ce pays plurimillénaire suscite en Occident et la richesse de sa culture, les efforts liés à une telle initiation ne sont pas totalement injustifiés.